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Historique

La Villa Saint-Jean

14 février 2017

Lorsque la décision est prise de construire un nouveau bâtiment et de transformer le Lycée cantonal de jeunes filles en Collège Sainte-Croix, le site choisi est en fait occupé depuis plusieurs années par les classes du Lycée. Ce lieu, qui paraît alors plutôt désolé, fait de vieux bâtiments décrépis, cache en réalité une histoire particulière. En effet, dès 1903, soit un an avant l’ouverture de l’Académie, et jusqu’à 1970, les marianistes y ont tenu un collège connu sous le nom de Villa Saint-Jean.

1903, en France, c’est l’époque de violents échanges entre catholiques et anticléricaux. La séparation de l’Eglise de l’Etat - loi de 1905 - incite de nombreuses familles privilégiées, en particulier dans les milieux aristocratiques, à chercher au-delà des frontières nationales des écoles catholiques, francophones de préférence. Les marianistes s’inscrivent dans cette mouvance et ouvrent un établissement à Fribourg, cité catholique par excellence au tournant du siècle, et c’est le père François Kieffer qui en prend la direction. Ces marianistes ne sont pas des inconnus à Fribourg, puisqu’ils dirigent une école d’agriculture à Grangeneuve et seront actifs dans de nombreuses institutions du canton tout au long du siècle.

Constituée de cinq bâtiments (La Maison Bossuet, La Sapinière, la Villa Gallia, Les Ormes et le Pavillon Saint-Jean), la Villa Saint-Jean est installée un peu à l’écart du tout nouveau boulevard de Pérolles, sur la commune de Villars-sur-Glâne jusqu’en 1906, dans une clairière du bois qui portera désormais le nom de l’établissement. Les marianistes choisissent un état d’esprit de persuasion plutôt que de contrainte. Très libéraux en comparaison avec la discipline de la plupart des internats de l’époque, ils espèrent convaincre plutôt que contraindre et rencontrent un réel succès.

Parmi les élèves du père Kieffer, arrive, en 1915, un jeune Français un peu étourdi et rêveur, trop en tout cas pour résister à un cadre strict: il s’agit d’Antoine de Saint-Exupéry (1900 - 1944) ; il est accompagné de son frère François, de deux ans son cadet (1902 - 1917). Leur séjour va durer deux ans, entrecoupé des visites de leur mère, à qui Antoine écrit son ennui, et par les séjours du même Antoine lorsqu’il se présente aux épreuves successives du baccalauréat en France. Élève plutôt médiocre, en géographie surtout, il lit pourtant beaucoup, Baudelaire par exemple, ou Dostoïevski, et s’est déjà révélé bon acteur malgré sa timidité. Ses poches sont déjà pleines de billets, d’ébauches de poèmes dont quelques-uns sont restés, habitude qui ne le quittera plus jusqu’à sa disparition en 1944. Le cadre et l’institution lui plaisent pourtant et il en gardera un agréable souvenir - fait exceptionnel chez lui, il y revient pour une assemblée d’anciens internes en 1927 -, d’autant plus qu’il y noue des amitiés durables. Mais, paradoxe étonnant, c’est bien à Fribourg qu’il perd la foi et se détache l’Eglise, selon les propos qu’il tiendra plus tard. Il élargira alors sa réflexion en affirmant que, de toute façon, il ne suffit pas d’être bon élève pour être un homme. Les deux frères quittent la Villa Saint-Jean au terme de l’année scolaire 1916 - 1917. Mais, malade, François est parti plus tôt qu’Antoine et décède peu après.

Jusqu’au lendemain du Second conflit mondial, la Villa Saint-Jean poursuit sa mission sur le modèle initial, mais rencontre de plus en plus de difficultés à recruter de nouveaux élèves. Ce qui incite ses responsables à réorienter l’école vers un modèle américain et à en confier l’animation à des pères venus des Etats-Unis. L’essentiel de cette mutation se passe autour de 1960, en vain d’ailleurs. La fréquentation continue de baisser et la Villa Saint-Jean ferme en 1970 et l’Etat de Fribourg en rachète les bâtiments et le terrain.

Une vingtaine d’années plus tard, en 1996, la Ville de Fribourg décide de rendre hommage au passé du lieu et à l’un de ses plus illustres élèves en donnant son nom à la Rue Antoine-de-Saint-Exupéry alors qu’une plaque rappelant son séjour à la Villa Saint-Jean est apposée à côté de l’entrée de la Villa Gallia en 2000.

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