Historique
L’évolution de la maturité au Collège-Sainte-Croix
1909 : après avoir été brièvement un institut de formation pour enseignantes, l’Académie Sainte-Croix devient le Lycée cantonal de jeunes filles et délivre la maturité fédérale, compétence reconnue en 1916 par la Confédération. Organisée sur sept ans d’études, l’obtention du diplôme se fait selon un programme traditionnel : latin, mathématiques, sciences naturelles, langues, histoire, géographie, etc. Durant les premières années, les classes sont séparées selon la langue des élèves alors que les deux dernières sont bilingues : les enseignants et les élèves s’expriment dans leur langue ou dans la langue de leur choix, système qui prévaut jusqu’en 1958, lorsque l’évolution des effectifs aboutit à la suppression de cette répartition. Le Lycée ne peut cependant offrir que deux filières : les langues anciennes et les langues modernes et tient à mettre l’accent sur d’autres aspects de la formation. Le type C n’est ouvert qu’après 1970 et le type D en 1990. Ce n’est donc que récemment que Sainte-Croix est un collège à part entière, à l’image des autres établissements cantonaux, situation qui est due à sa cantonalisation préparée durant les années 1970 et acquise dès le début de la décennie suivante.
Il s’agit en effet, pour les sœurs de Menzingen, non seulement de permettre l’accès aux études universitaires, mais aussi et surtout de préparer les jeunes filles à leur vie de femmes et de bonnes chrétiennes. Les travaux pratiques et ménagers ainsi que l’enseignement religieux sont orientés dans ce sens. Ces trois objectifs, intellectuel, pratique et religieux, imprègnent l’enseignement et la vie du Lycée durant toute la durée de la présence des sœurs de Menzingen à Fribourg, même si, dès les années soixante, la contestation les fait revisiter leurs intentions dans le sens d’une ouverture prudente et progressive à la modernité d’un monde en plein changement.
Les examens sont préparés par une Commission des études, qui est remplacée par le jury de maturité en 1975. A la même époque surgissent une série remises en causes et de réorganisations qui font peu à peu disparaître certains traits des décennies antérieures. Les programmes et la grille horaire sont revus plusieurs fois en profondeur en une trentaine d’années. La pédagogie et la conduite des classes évoluent au gré des innovations technologiques et des courants qui touchent tout l’enseignement. La tradition magistrale et encyclopédique est discutée, mais ne disparaîtra pas complètement, même à l’heure de l’introduction de l’informatique comme outil de formation, au tournant des années 2000. La place de l’élève dans le processus d’apprentissage est redéfinie, tout comme l’acquisition de méthodes de travail. Il ne s’agit plus de modeler des esprits, mais de les préparer à l’autonomie et à une position critique.
Une nouvelle étape est franchie avec l’introduction de la nouvelle maturité : en même temps que la plupart des établissements suisses, la première volée entre en 1999 et obtient son certificat en 2003. Pour les enseignants comme pour l’établissement, la réforme a été d’envergure : les nouvelles filières, le travail de maturité, les champs de compétences redéfinis en même temps que les programmes de toutes les branches étaient revus la transition a exigé de gros efforts de planification et de mise en application. Cette réforme a été, entre autres décisions, l’occasion de réintroduire le bilinguisme. Une puis deux classes par volée sont ouvertes dès la deuxième année d’études et qui prévoient un enseignement réparti entre les deux langues française et allemande, chaque enseignant intervenant dans sa langue. Une filière « Bilinguisme renforcé » est ouverte dès l’automne 2014 et permet aux élèves de suivre un enseignement dans les deux langues dès la première année.
Après une dizaine d’années d’expérience, cette nouvelle maturité est entrée dans les mœurs et ne fait plus l’objet que de réadaptations de détails ou de relectures partielles des programmes.